Se souvenir des belles choses
“Martin Luther King est mort ?” – “Oui Jacques, il y a longtemps, comment peux-tu ne pas t’en souvenir ?”
Les premiers signes, les mots qui s’emmêlent, des évidences qui s’oublient. Il garde toujours son adresse en poche rédigée sur un bout de papier et demande aux passant : “Savez-vous où est Tintin?”. Le musée Hergé est son point de repère lorsqu’il est désorienté. En face il retrouve son appartement, où Marcella l‘attend. Marcella, qui au fil du temps avait appris à deviner les réactions de son compagnon de vie, doit désormais rappeler, rassurer, et parfois accepter une colère qui passe comme un nuage. Selon les jours, ça dépend.
Dans sa mémoire, les souvenirs tristes sont effacés et les désirs de demain se désagrègent. Les grands bonheurs, il s’en souvient et Jacques m’en parle avec joie. Son séjour au Congo et son équipe de footballeurs aux pieds nus. Sa rencontre avec Marcella. Sa passion pour le football et les matches qu’il arbitre le dimanche. L’époque où il “partait siffler”. La naissance de son fils, le sourire de ses petits enfants.
Les souvenirs, les sensations que l’on veut conserver à jamais, comme un parfum fidèle ensommeillé, une saveur immatérielle..
© Virginie Limbourg, Louvain-la-Neuve 2014
L’auteure remercie Jacques et Marcella pour leur confiance et l’asbl Atoutage pour son soutien.